Dans le cadre du programme vacaciones de Verano, mis en place en France pour la première fois en 2010 J’ai reçu durant trois semaines un petit garçon prénommé Isaias originaire de Medellin.
Isaias est arrivé le samedi 7 août à Paris et est reparti le lundi 30 août.
L’information sur la mise en place du programme a été tardive, vers le 20 juin 2010, et m’est arrivée simultanément par 2 sources, mon avocate de Bogota et l’APAEC. Ce programme m’avait été présenté au siège de l’ICBF à Bogota en novembre dernier, mais sans nouvelle de sa mise en place en France mon dossier d’adoption pour un enfant « grand » suivait un parcourt classique et se trouvait en régionale d’Antioquia depuis le printemps.
Informé des objectifs du programme j’ai décidé de candidater afin de participer à ce programme et accueillir un enfant de 8 à 8 ans et demi. Les informations sur les modalités d’arrivée et de séjour sont arrivées oralement peu à peu et croisées avec celles obtenues par les autres postulants.
A cette même époque j’apprenais qu’un enfant de 9 ans m’avait été attribué dans le cadre de ma demande d’adoption par l’ICBF régional de Medellin. La lecture du dossier de l’enfant montrait pour celui-ci des craintes et des interrogations quant à son adoption. L’ICBF pensant trouver pour cet enfant des solutions intrafamiliales, la préparation à l’adoption était récente et en cours. Mon avocate m’a alors proposé de demander à l’ICBF qu’il soit intégré dans le programme Vacaciones de Verano réservé aux enfants grands, ce qui fut accepté.
Isaias et les 8 autres enfants participant au programme se sont retrouvés durant un peu plus d’une semaine à Bogota afin de préparer leur voyage en France. Durant cette période les enfants ont pu apprendre à connaître les familles dans lesquelles ils allaient être accueillis, préparer des cadeaux, et ont assisté à des cours de français.
L’arrivée et l’accueil des enfants à l’aéroport CDG fut un moment très convivial et très chaleureux, les 6 familles étaient accompagnées par, M Monchau, Ambassadeur à l’Adoption (SAI), Madame Biondi, directrice de l’AFA, ainsi que Me Novak de la SAI ainsi que Marie Alice Da Costa chargée de la mise en place en France du programme et rédactrice Amérique Latine à l’AFA Paris.
Le moment tant attendu, l’arrivée dans nos bras des enfants, s’est déroulée simplement, équivalente à celle d’une entraga en Colombie, premiers mots de bienvenue, premiers échanges, distribution des cadeaux et des friandises.
Isaias était très à l’aise pas impressionné du tout venant librement me parler, voir Thomas, ses camarades de voyage. A ce moment là et pour quelques minutes encore une des deux sorties du terminal 2F était bloquée par les familles toutes à terre en train de faire connaissance avec les enfants. Ces quelques minutes de forte émotion passées, les parents et les enfants se décalèrent pour laisser le libre passage aux autres voyageurs certainement très étonnés de ce désordre et de cette agitation.
Durant le repas qui suivi, nous avons pu aborder avec Isaias, différents sujets, sur sa santé et sur le programme. N’ayant eu aucun retour, ni par l’ICBF ni par l’AFA, sur la préparation des enfants, très vite j’ai questionné Isaias sur l’objectif du sa venue en France. Pour lui, il était clair qu’il était là pour un projet d’adoption. Je l’ai informé que je souhaitais adopter un enfant et que s’il le désirait et que si le séjour se passait bien, j’aimerai l’adopter. Il a de suite intégré le message et après quelques « seniors » de rigueur les 2 premiers jours, ce fut « papa » tout le reste du séjour.
Les 3 semaines du séjour se sont passées très facilement, et l’annonce tardive de la venue d’Isaias ne nous a pas amené à modifier le programme de nos vacances. Isaias a pu découvrir notre quotidien, nos amis, notre région, malheureusement même aux pieds de la montagne, la neige ne tombe pas en été et la Tour Eiffel était un peu loin.
Isaias s’est montré très gentil, curieux, entreprenant et obéissant et j’ai pu constater qu’il aimait aider, organiser les choses. Les relations avec Thomas, dont ils partagés la même chambre, ont étaient faciles avec par moments un peu de rivalité et de jalousie sans que cela ne se traduise par une agressivité chez les enfants.
La dernière semaine fut largement amputée par les 4 jours de venue de la psychologue de l’ICBF qui accompagnait les enfants et qui séjournait chez les différentes familles. Nous avons aussi reçu a deux reprises la visite de l’assistante sociale du CG chargée de rédiger un rapport de suivi pour le compte de l’ICBF.
Le départ de Paris a eu lieu le lundi 30 aout. L’excitation du retour en Colombie et les retrouvailles des enfants à l’aéroport ont donné à cette matinée une légèreté qui a permis d’aborder le départ et le moment de la séparation avec plus de sérénité. A aucun moment, Isaias et moi, n’avons douté que cette séparation n’était que provisoire. Isaias voulait rester en France tout en sachant qu’il devait rentrer en Colombie. Sa dernière demande fut de parler, au téléphone, à Thomas resté chez ses grands parents. Mes derniers mots furent pour lui rappeler mon souhait de l’adopter et de lui expliquer qu’il ne restait plus que des papiers à réunir afin de finaliser le dossier d’adoption en France et programmer notre venue à Medellin.
Isaias est arrivé en France en connaissant le n° de téléphone et l’adresse mail de la famille dans laquelle il vivait ce qui nous a permis d’entretenir un contact régulier, par téléphone et par mail, après son retour en Colombie. Pour d’autres familles, dont l’enfant vivait en institution, le maintien du lien créé durant ses 3 semaines de vie commune, fut plus difficile à entretenir.
La procédure administrative quant à elle s’est poursuivie après le départ d’Isaias, malheureusement pas à la vitesse souhaitée, mais plus rapidement que pour les autres familles. Le départ des enfants a marqué, une rupture dans l’accompagnement des familles livrées à elles mêmes dans une procédure nouvelle, non connue, non expliquée.
Nous partirons certainement mi octobre pour rejoindre Isaias et finaliser son adoption. Les familles pensaient que ce séjour de 3 semaines en intégration dans la famille dans son cadre de vie ainsi que, la rédaction d’un rapport par l’accompagnatrice de l’ICBF, d’un second par le CG et d’un dernier par la psychologue en charge des enfants, permettraient d’être exemptées d’entraga et d’intégration lors de la procédure en Colombie, cela n’est pas le cas et nous serons soumis à une procédure intégrale.
Nous partirons en Colombie satisfaits de cette aventure mais réaliste sur la mise en place tardive et précipité de ce premier programme et la faiblesse de l’encadrement après le départ des enfants. Ce programme a pu voir le jour grâce à un petit nombre de personnes à Bogota et à Paris, que je remercie, et qui sauront tenir compte des remarques des familles pour préparer au mieux la venue d’autres enfants en France dans les prochaines années.
